Je devais avoir 11 ans quand j’ai débuté en photo. Je vivais à Paris. J’avais reçu pour noël un Kodak Instamatic 33. Intrigué par ce nouveau «joujou», une fois mes premiers clichés réalisés (de qualité très médiocre), je m’empressais de déposer la pellicule à la boutique photo de quartier. A l’époque, il fallait attendre une bonne dizaine de jours pour récupérer les tirages. Le jour J, impatient, je me précipitais au magasin et en découvrant mes résultats s’opérait la même magie : la restitution concrète de moments que j’avais immortalisé quelques jours auparavant… c'est sans doute là que mon goût pour la photo a vraiment commencé.
Avec le temps, j’ai vite perçu les limites techniques de mon Instamatic. C’est alors que j’ai commencé à "emprunter" discrètement le Foca de mon père, un boîtier proche du Leica. Ce fut mon initiation au format 24x36. L’appareil, entièrement manuel, n’était pas des plus simples à dompter, mais il m’a permis de comprendre les bases essentielles : le lien entre diaphragme, vitesse et sensibilité.
Puis au début de mon adolescence, les premiers boîtiers 24x36 reflex automatiques sont arrivés. Mon frère aîné venait d’acquérir un Pentax Spotmatic et inutile de vous préciser que je n'hésitais pas à lui subtiliser également à la moindre occasion. La simplification technique fournie par cette nouvelle génération d’appareils et ma flemmardise m’ont définitivement permis de mettre le pied à l’étrier : j’augmentais considérablement ma cadence de prises de vue à l’affût du moindre sujet… ma passion était bel et bien lancée !
Le graal pour mes 18 ans ! Mon père m’offrit un Olympus OM2 accompagné de 3 optiques. Ce fut ma première véritable immersion dans la prise de vue grand angle et téléobjectif. Devenu enfin autonome, je sortais à toute heure arpenter les rues parisiennes, photographiant tout ce qui attirait mon œil. Peu à peu, je me suis imposé une certaine discipline en travaillant par thèmes : mes premiers reportages voyaient le jour.

La même année, j’ai intégré un club photo où je me suis pleinement investi dans les travaux de laboratoire argentique, tant pour le développement des négatifs que pour les tirages papier. Après le baccalauréat, direction le service militaire : embarqué sur un bâtiment de la marine nationale direction les Antilles, j’ai réussi à convaincre le “pacha” d’installer à bord un laboratoire photo, afin de produire des tirages destinés aux autorités. Ce périple de douze mois fut une formidable parenthèse, et surtout, le déclic de mon attrait pour la photographie de voyage.
À mon retour du service, on me proposa de prendre la direction du club photo parisien que j’avais quitté un an plus tôt. J’acceptai sans hésiter, malgré mes débuts professionnels dans la communication publicitaire. Ce fut une belle aventure de douze années durant lesquelles j’ai formé près de trois cents passionnés à la prise de vue et au travail en laboratoire. Plusieurs d'entre-eux sont devenus par la suite photographes professionnels, ce que je n’étais pas encore à l’époque.
A 21 ans, je remporte le 1er prix du concours Jeune Photo Reporter organisé par Paris-Match : fier bien sûr, mais surtout ravi de recevoir en récompense un Canon A1 considéré à l'époque comme l'un des meilleurs reflex pour amateurs éclairés. Avec mon fidèle Olympus OM2, je me suis ainsi retrouvé durant une vingtaine d’années avec deux boîtiers argentiques que j’ai usé jusqu’à la corde ! J’accumulais progressivement des classeurs de négas et de diapos avec au résultat un temps passé incalculable sous les lanternes rouges de mon labo !
Puis le numérique a fait son apparition, me contraignant peu à peu à délaisser mes vieux “cailloux” argentiques et à me séparer de mes cuves de développement et de mon agrandisseur. À la même période, mon entreprise de communication s'est rapprochée d’un groupe spécialisé dans l’événementiel. J’ai alors sauté sur l’occasion pour couvrir leurs manifestations, aussi bien professionnelles que grand public. Enfin ! Il m’aura fallu attendre deux décennies pour que la photographie devienne officiellement mon second métier.
En parallèle, mon évolution dans l’événementiel m’a conduit à développer des «niches» photographiques via mon entreprise, en commençant dans le domaine sportif. En 2003, je lance une activité dédiée à la couverture individualisée des participants de grandes courses pédestres, en France comme à l'étranger, en m'appuyant sur un réseau d'autres photographes. L'objectif : restituer, le jour même, plusieurs dizaines de milliers d'images via une galerie web marchande, le tout rendu possible grâce à la magie du numérique. Mon slogan de l’époque était «L'émotion ne reste intacte que si elle restituée dans l’instant qui suit l’événement» ... plus de 20 ans après, cela continue à fonctionner !
Toujours dans le domaine de l’événementiel sportif, je couvre photographiquement le Vendée Globe depuis sa deuxième édition (1992). J’ai toujours eu un intérêt particulier pour la prise de vue des skippers au moment de leur départ, instants chargés d’émotions. Avec la complicité de ma famille et d’amis, nous avons pour habitude de déployer systématiquement une banderole spectaculaire le long du chenal afin d’interpeller les marins. Positionné au centre de cette banderole, prêt à capturer l’instant, mes déclenchements s’alignent sur les regards, les gestes, les cris… un rituel devenu essentiel à chaque édition.
L’événementiel, c’est aussi la culture avec notamment des opérations récurrentes, comme le Festival de Cannes, que j’ai eu la chance de couvrir durant 10 éditions consécutives : des moments forts et de stress pendant les 12 jours de montées des marches. Une vraie école de rigueur : avant même de déclencher son obturateur, il faut savoir interpeller la star sur le tapis rouge pour capter son regard, le vrai. Tout cela se déroule dans une ambiance électrique mais étonnamment fraternelle : plus d'une centaine de photographes de tous les pays, tous concentrés mais solidaires. Et chaque année, le même rituel, le même plaisir avec, à la clé, plusieurs milliers d'images. 
Enfin, l’événementiel m'a aussi offert l'opportunité de couvrir des reportages photographiques aussi variés qu'inédits : suivre un raid de 48 heures entre les Alpes et Paris, parcourir les plus beaux greens de France pendant plusieurs semaines, accompagner au cours de 10 étés des invités à bord d’un prestigieux clipper trois-mâts depuis différents ports de la Manche à la Méditerranée... ou encore assister à des événements militaires à huit clos : championnat de parachutisme, essais de la patrouille de France, raid entre Verdun et Paris... la variété des thèmes à photographier ne manquait pas, des situations uniques qui ont intensifié, année après année, cette passion profonde que j’ai pour l’image.
Au-delà de la photographie événementielle, chaque voyage -en France comme à l’étranger- est pour moi un prétexte à la prise de vue. Le surnom "Nakunoeil" qui m'a été donné est venu de là. Il me serait impensable de partir en oubliant mon matériel. Cela m’est arrivé une fois en me rendant dans le Connemara : j’avais embarqué le boîtier mais oublié l’objectif. Horrible sensation ! Mon smartphone avait vaguement pris le relais, mais je n'avais qu'une idée en tête : ne rien louper. Toujours est-il que pour la photo de voyage, je ne me limite pas seulement aux paysages et à l’architecture, je m'attache aussi à capter la vie locale... sans oublier ma tête !
Pour en revenir aux boîtiers photographiques, depuis l’arrivée du numérique, je suis devenu (et resté) «Nikoniste». J’ai commencé par acquérir un Nikon D1 pour couvrir mon tout premier événement professionnel en 2001. Ont suivi ensuite plusieurs boîtiers reflex au fur et à mesure des évolutions technologiques et des exigences imposées par mes missions : Nikon D70, D200, D3, D3S, D4S, D700, D800, D810. Ce qui faisait grosso modo un nouvel appareil tous les 2 ans (la révolution numérique était au rendez-vous !). Et puis après les reflex argentiques et numériques, une 3ème génération de boîtiers est arrivée fin 2018 : les appareils photo hybrides à usage professionnel. Séduit par leur légèreté et leur qualité technique, j’ai progressivement abandonné le reflex numérique au profit de ces derniers : après avoir utilisé un Nikon Z7 puis un  Z7 II, je poursuis actuellement ma course avec un Z6 II et un Z8 et qui restent mes «joujoux» du moment… en attendant une 4ème génération ?
Voici donc le récit d’une passion que je vis depuis près d’un demi-siècle,  une passion que je poursuis aujourd'hui sous un autre angle, ayant quitté il y a quelques années la région parisienne pour poser mes valises sur la côte bigoudène. Les thèmes ont changé, mais l'envie reste intacte... et tout aussi excitante !
Je tiens à remercier tous ceux qui m’ont fait confiance dans mon activité photographique professionnelle, dont principalement l’agence Luderic Evénement, le groupe Randstad et l’agence MRC, le service de presse du Festival de Cannes, l’agence Fisheye Film, la Fédération des Clubs de la Défense, le Conseil National de l’Ordre des Experts-Comptables, l'agence Iphitos, le service de presse du Vendée Globe, les organisateurs des 20 Kilomètres de Paris, de la Parisienne et du Marathon Eiffage de Dakar, sans oublier les associations et organisateurs d’événements à Loctudy (mon fief breton), dont principalement le FAR.
Un merci chaleureux à mes nombreux camarades photographes avec qui j’ai partagé tant de missions événementielles dans une ambiance toujours fraternelle, en particulier à mes trois "mousquetaires" : Vincent Krieger, Eric Avenel et Guillaume Grandin…je suis le quatrième !
Et enfin, un merci tout particulier à mon épouse Sandrine, qui supporte avec patience et humour son "Nakunoeil" lors de chacun de nos voyages !
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